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J’ai souligné, dans un post précédent, la valeur sécurité comme une valeur « non officielle » des entreprises. Il existe un autre sujet auquel tout le monde pense mais dont personne ne parle : l’argent. Il a pourtant un rôle important lors d’une réintégration après cancer ou burnout.

L’argent, on le sait bien, veut tout dire et son contraire. S’il est neutre à priori, c’est néanmoins le sujet le plus sensible qui soit et sur lesquels les projections de chacun se font les plus vives.

Pourquoi cet article ? Ce post est une brique, parmi d’autres, d’un ouvrage à paraitre début 2017. Titre provisoire « Résilience & travail après un burnout ou un cancer ». Vos commentaires sont les bienvenus et nous permettront aussi de perfectionner notre pratique.

Qui est esclave de l’argent ?

En préalable, je me pose souvent la question de savoir qui est le plus dépendant de l’argent : celui qui fait tout pour en avoir ou celui qui ne veut en rien se soumettre à son diktat. Qui est le plus lié à l’argent : celui qui le vénère ou celui qui le repousse à tout prix ?
Dans ma compréhension, ne pas imaginer travailler sans être payer grassement, car c’est le prix élevé qui fait la valeur de l’intervention, est du même niveau que l’intervenant pour qui seul le bénévolat a de la valeur : se faite payer étant synonyme du mauvais travail, sans valeur.

Comment avoir une relation normale et saine avec l’or, Monsignor ?

L’argent : vecteur d’expression de ses valeurs

Tout d’abord, l’argent est très souvent l’écho de ses propres valeurs intimes. Pour être très personnel, je me suis rendu compte, avec le temps, que mon côté économe était très lié à la valeur indépendance, très forte chez moi. Avoir de l’argent de côté, c’est m’assurer que personne ne viendra me dire ce que je dois faire, si je veux manger et élever mes enfants décemment. Pour moi, l’argent en suffisance me permet de ne faire que ce que je veux. En aucun cas, il ne me vient à l’idée de m’acheter une voiture de luxe, ou de porter une montre de prix etc…
Pour d’autres, l’argent va avoir des significations tout autres, et tout aussi respectables. Avoir une Rolex à 50 ans n’est pas une obligation mais si c’est une signe de réussite, et si la réussite sociale est importante comme valeur de vie pour cette personne, qui suis-je pour le juger ? Apres tout, cela ne fait de mal à personne de porter une Rolex ! L’argent est le domaine d’expression de ses propres valeurs personnelles par excellence.
C’est aussi le filtre du jugement. Si ma valeur clé est l’indépendance, je ne vais pas comprendre les gens à Rolex. La tentation de juger l’autre est alors grande. Jugement selon mes critères, mes valeurs, mon niveau de vie, mon éducation. Travailler sur son propre système de valeur, c’est aussi apprendre à accepter des systèmes différents. Ici, une autre relation à l’argent. C’est assez bien décrit dans l’ouvrage « 12 principes pour mettre l’argent au service de votre bien-être ».

Se libérer de l’argent par la connaissance de soi

Là où le bât blesse, c’est lorsque l’on devient esclave de son compte en banque, ce qui revient à dire que l’on devient esclave de ses propres valeurs. Etre indépendant pour poursuivre l’exemple plus haut est une valeur mais ne doit pas devenir une maitresse. Quel est le prix à payer pour rester indépendant ? Suis-je prêt à tout ? Suis prêt à accepter parfois des aménagements avec cette valeur et donc avec l’argent qui la représente pour moi ? La question n’est alors plus tellement ce que représente l’argent pour moi mais le niveau de souplesse que je suis prêt à lui accorder. Quel est le prix à payer pour ma valeur ?
La libération ne peut se faire que par un travail vers une meilleure connaissance de soi. Comment me libérer de ce que j’ignore ? Comment prendre du recul face à ce que je n’identifie pas.
Pour prendre un exemple, si l’argent représente pour un père de famille la valeur compétence, sur le thème : je nourris ma famille donc je suis compètent, et donc aimable par ma femme et mes enfants. Si pour l’épouse, la valeur clé est l’affection, elle va accorder une importance très différente à l’argent. Le premier va se tuer au travail pour ramener de l’argent, la seconde va se sentir seule et sans affection. Comment éviter alors de grandes discussions sur l’argent, sujet principal de disputes au sein des couples.
Prendre conscience de ces mécanismes est alors un moyen d’en parler avec du recul, sans aucun doute de trouver des solutions. Cela permet de faire de l’argent un serviteur à sa juste place, et non plus un maître exigeant.

L’argent et les cancers ou burnout

L’argent s’invite de manière particulièrement importante dans les situations de cancers, de burnouts, de maladies. C’est un acteur toujours important, rarement à sa vraie place. Il est relégué au second ou troisième plan, ou bien au contraire devient central. C’est bien entendu le cas lors du retour au travail après arrêt.

Je ne vais pas rentrer ici dans l’impact économique de la maladie, sur les situations de précarité qu’elle engendre. De nombreuses études soulignent le prix des traitements, le non-remboursement des frais annexes etc. « Les trois quarts des patients ont financé ces frais cachés en puisant dans leurs économies, 23% en demandant de l’aide à leur famille proche, 9% en contractant un emprunt, 9% en mobilisant le fonds de secours de leur complémentaire santé, 4% en demandant de l’aide à une association et 4% en demandant de l’aide à leur caisse de sécurité sociale. » cite l’association Stopaucancer.

Mon focus est plus sur l’impact sur le retour au travail. Toujours selon la même source, un salarié sur deux déclare avoir connu des répercussions de sa maladie sur sa situation professionnelle. 3 patients sur 10, en emploi lors de la découverte de leur cancer, n’ont plus d’emploi 2 ans après. Je ne parle même pas ici des indépendants, artisans, professions libérales etc.

Le prix à payer pour travailler

Le questionnement ici est plus sur la façon de revenir dans son poste après un arrêt longue durée. Par exemple, sur le prix à payer pour gagner sa vie. Si le travail avant l’arrêt ne correspond pas aux aspirations profondes de la personne, la maladie ou le burnout va souligner le prix élevé payé par la personne pour vivre, sans se réaliser à titre personnel. Un boulot alimentaire est toujours trop cher, mais il devient exorbitant après un arrêt, de la souffrance, après avoir frôlé la mort. La personne n’accepte plus si facilement de payer aussi cher une aussi petite quantité d’argent. Selon une formule un peu triviale que j’utilise souvent : « Le prix de la gamelle est en forte hausse ! »
Dans la même veine, même un gros salaire peut trouver trop cher le temps passé au bureau, l’investissement, tout ce qui ne plait pas, la lassitude d’un travail sans sens. La seule différence entre un boulot alimentaire mal payé et un boulot bien payé mais qui ne plaît pas, c’est une liberté de choix plus grande, en tous cas plus facile, avec un compte bien garni. La chanson dit que « La misère est plus facile au soleil », le changement de cap est toujours plus facile concrètement avec un compte largement positif. Même si la plupart n’en ont pas conscience, y compris pour les gros salaires qui ont de grandes exigences et des grands blocages.

Prochain post : L’argent : levier ou frein après un cancer ou un burnout ?

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